Génie Climatique Magazine n°2 - page 48

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| MAI 2016 |
GC MAGAZINE
#02
DOSSIER
| RAFRAÎCHISSEMENT PASSIF
permet d’amener suffisamment de frigories
pour maintenir une température agréable dans
les bureaux la journée »
, indique Olivier Sellès,
responsable Innovation / Energie &Smart Grids
chez Bouygues Immobilier.
Mais Nicolas Molle précise que
« si la ventilation
naturelle nocturne est une belle idée, en pratique
les choses se compliquent ».
Lamise en place d’une
automatisation de l’ouverture des fenêtres va de
pair avec lamiseenplacede systèmesdeprotection
contrel’intrusion.Laventilationmécaniquepermet
dedépasser ceproblème.Néanmoins lePDGd’Eta-
mine constate que la sur-ventilation mécanique
nocturne aboutit à des factures d’électricité iden-
tiques à celles engendrées par le fonctionnement
de climatisation le jour…Pour être efficace avecun
rafraîchissement par l’air, pour le PDGd’Etamine
Nicolas Molle, il faut se tourner vers les solutions
dites adiabatiques. L’idée est de rafraîchir l’air en
l’humidifiant - phénomène similaire à celui qui se
produit lors d’un orage.
Si humidifier l’air entrant est pour NicolasMolle
une solution à réserver pour les très grands es-
paces, dans les bureaux il s’agit d’humidifier l’air
sortant avant qu’il ne passe dans l’échangeur de la
VMCdouble flux demanière à abaisser la tempé-
rature de l’air entrant. L’efficacité de ce système dit
adiabatique indirect est moindre, mais il permet
d’éviter les problèmes d’humidité.
Passif ou actif ? Faut-il vraiment choisir…
Abaissement adiabatiquede la températurede l’air
et refroidissement d’unfluide par géocooling sont
les deux solutions dites « passives » qui émergent
dans les bâtiments Bepos.Mais rares sont les pro-
jets s’affranchissant entièrement d’équipements
de productionde froid. Et souvent, les Bepos com-
binent ces approches passives avec des solutions
de climatisation actives.
«Une centrale de traitement d’air adiabatique in-
direct permet de souffler un air à 21 °C-23 °C. Ce
qui peut, selon l’occupation, donner une tempéra-
ture de 28 °C dans les bureaux. Or les occupants
souhaitent souvent que la température ne dépasse
pas les 26 °C. Il est donc dans ce cas nécessaire
d’installer également des groupes frigorifiques qui
permettront d’abaisser la température des quelques
degrés demandés »
, indique Nicolas Molle.
Lorsque la conception de l’immeuble a négligé
le confort d’été, le géocooling seul ne sera pas
suffisant pour abaisser la température des bu-
reaux et l’associer avec des PAC eau/eau peut se
révéler efficace. En envoyant l’eau de la nappe
vers un groupe froid, il est possible d’obtenir un
excellent coefficient de performance énergétique.
Mais selon le PDG d’Etamine, au nord d’une
ligne Bordeaux-Lyon, on doit pouvoir se passer
de climatisation dans les immeubles tertiaires.
En revanche, il estime que, dans le Sud, le recours
à des équipements de production de froid peut
être judicieux.
« Les systèmes passifs ne sont pas
efficaces dans des bâtiments légers, car leur corol-
laire est l’inertie que seule une structure lourde peut
offrir »
. De plus, pointe ce dernier,
« la combinaison
d’un système passif et actif nécessite souvent un
double investissement. Il peut donc être préférable
d’opter pour un rafraîchissement 100 % actif et de
se concentrer sur l’optimisation de l’utilisation des
groupes frigorifiques, notamment en travaillant
finement la régulation »
.
MathildeBesse, d’Alto Ingénierie, qui travaille sur
le projet du Green Office de Bordeaux dont le ra-
fraîchissement, entièrement actif, est assuré par
deux groupes froid air/eau, précise avoir notam-
ment peaufiné les régimes de température afin
d’obtenir lesmeilleurs rendements possibles.
«Le
groupe froidalimentant les panneaux rayonnants et
les poutres froides fournit une eau dont la tempéra-
ture sera relativement élevée, comprise entre 14 °C
et 19 °C. L’autre groupe froid, qui alimente des équi-
pements qui ont besoinde températures plus faibles
(CTA et serveurs informatiques) produira une eau
à une température comprise entre 10 °C et 15 °C».
Pour le responsable Innovation/Energie&Smart
Grids de Bouygues Immobilier,
« quand nous
construisons des bâtiments aujourd’hui, nous de-
vons penser à leur exploitation dans 10 ans. Et le
réchauffement climatique devrait conduire à ce que
les épisodes caniculaires que nous avons connus ces
dernières années deviennent la norme. C’est pour-
quoi je ne crois pas que nous pourrons nous passer
de système de rafraîchissement actif »
.
•••
L’INERTIE C’EST
BIEN, EN ABUSER
ÇA CRAINT
Les gaines peuvent soit être
coulées directement dans la
dalle, soit circuler à travers
un second plafond accolé à la
dalle. Noyer les gaines dans
la dalle est pour le dirigeant
d’Etamine la solution de diffu-
sion du froid la plus efficace.
Elle permet d’émettre du bas
vers le haut et du haut vers
le bas. Mais cette option im-
plique le parti pris esthétique
du béton brut et rend impos-
sible l’implantation d’un faux
plafond. Ce qui peut gêner
plus d’un maître d’ouvrage…
De plus, pour des raisons de
coordination et de sépara-
tion des responsabilités, les
maîtres d’œuvre préfèrent ne
pas mêler structure et CVC,
et séquencer les travaux.
Ainsi, sur la plupart des projets
de géocooling, plutôt que
d’installer un système de
distribution dans la dalle qui
est un élément de structure,
une fois la dalle réceptionnée,
l’entreprise de génie clima-
tique arrive pour installer
un second plafond dédié au
rafraîchissement.
L’autre système de distribution
de froid allié du géocooling
est la poutre froide. Sébastien
Delmas, directeur technique
d’Effinergie, dit la retrouver sur
de nombreux projets Bepos.
Equipement dédié à la diffusion
de froid qui vient se greffer
sur la structure, lorsqu’elle est
combinée à un plancher rafraî-
chissant dont la température
est difficilement pilotable du
fait de l’inertie, la poutre froide
présente selon lui l’avantage
d’ajouter de la réactivité.
DES PAC AIR/AIR DANS
UN BÂTIMENT BEPOS SUR DIX
Plus au Nord, où les besoins en rafraîchissement
dans un immeuble équipé de protections solaires
peuvent se révéler relativement faible, une
simple solution active de rafraîchissement peut
se révéler Bepos-Compatible. Ainsi, le directeur
technique d’Effinergie constate qu’un bâtiment
labélisé Bepos sur dix est rafraîchi grâce à des
PAC air/air.
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